martedì 23 ottobre 2007

les mutilations genitales féminines

Toute société est dotée de normes, de comportements socialement acceptés, fondées sur l’âge, le sexe, l’appartenance sociale, la culture et la religion. Ces normes et ces pratiques traditionnelles régissent par exemple l’éducation des enfants, les relations entre hommes et femmes, le mariage et la sexualité.
Les mutilations génitales féminines (MGF) sont une pratique traditionnelle profondément enracinée qui a des conséquences graves sur la santé des fillettes et des femmes.
On estime qu’à l’heure actuelle, plus de 120 millions de jeunes filles et de femmes dans le monde ont été victimes d’une forme de mutilation génitale ou d’une autre, au moins deux millions de jeunes filles risquent de le devenir chaque année . Souvent cachée sous le vocable traditiono-culturel de “circoncision féminine”, cette pratique est l’une des traditions les plus nuisibles encore pratiquée dans un grand nombre de régions en développement. Elle consiste à exciser une partie voire la majorité de l’appareil génital féminin externe en accompagnant l’opération par une cérémonie généralement avant l’âge de la puberté.
Traumatisante aussi bien sur le plan physique que psychique, cette pratique, parce qu’elle est irréversible, a des répercussions sur la santé et le bien-être (en particulier sur l’hygiène sexuelle et la santé en matière de reproduction) des victimes et ce leur vie durant. De plus, la mutilation génitale féminine (MGF) renforce les inégalités, qui sont le lot des femmes au sein des communautés qui la pratiquent. C’est un problème difficile qui doit être résolu si nous voulons satisfaire les besoins des femmes en matière de développement sanitaire, social et économique.
Malgré son ampleur, beaucoup reste à faire dans le domaine de l’information, de l'étude, de la recherche et surtout de l’étendue du problème et des types d’intervention qui pourraient l’éliminer.
Le Maroc est l’un des pays musulmans ne pratiquant pas les MGF et ce nonobstant les multiples thèses erronées prétextant que l’origine de cette pratique existe dans le Coran.
La discussion sur ce sujet épineux a un but essentiel, à savoir :
 Mettre en exergue, à travers une revue de la bibliographie, les fondements, la prévalence et surtout les effets nocifs de la MGF sur la santé des filles et des femmes.
 Malgré l’absence de cette pratique au Maroc, elle mérite une discussion qui peut rester académique ou servir de référence pour le corps médical marocain vu l’arrivée au Maroc de plus en plus de personnes issues des régions où elles sont pratiquées..


DESCRIPTION DES MUTILATIONS GENITALES FEMININES

DEFINITION ET TERMINOLOGIE :
TERMINOLOGIE :

La langue française utilise différents termes pour désigner les mutilations sexuelles féminine. En règle générale, on parle de circoncision, d'excision et d'infibulation (selon le cas). La langue juridique arabe emploie le terme khafd ou khifad pour la désigner. Mais la langue courante utilise le terme khitan pour désigner aussi bien la circoncision masculine que féminine. On parle aussi de taharah, ce qui signifie purification, ces mutilations étant supposées purifier ceux qui les subissent.

DEFINITION :
La mutilation des organes génitaux féminins est l’excision rituelle d’une partie ou de l’intégralité des organes génitaux externes d’une femme ou d’une fille. C’est une pratique culturelle ancienne qui subsiste aujourd’hui un peu partout dans le monde, principalement dans certaines régions d’Afrique. Très souvent appelé « circoncision féminine » par analogie à la circoncision masculine, la circoncision féminine n'est pratiquée ni par tous les musulmans ni par tous les arabes. Elle est pratiquée principalement dans 28 pays africains et quelques régions du Moyen-Orient et d'Asie. Elle toucherait environ plus de 120 millions de femmes. Souvent, la circoncision féminine est faite sans anesthésie, par des personnes sans formation médicale, des barbiers ou des sages-femmes, avec des instruments rudimentaires donnant lieu à des complications qui mènent parfois à la mort. Selon la terminologie, on distingue plusieurs sortes de circoncisions féminines :
- La circoncision féminine dite sunnah, ou en conformité à la tradition de Mohamed. Les milieux religieux qui défendent cette forme de circoncision féminine ne précisent pas toujours en quoi elle consiste, ni le texte religieux qui la décrit. Selon un auteur classique, Al-Mawardi (3), "elle se limite à couper la peau en forme de noyau qui se trouve au sommet de l'organe. On doit donc en couper l'épiderme protubérant, sans aller jusqu'à l'ablation". Pour le docteur Hamid Al-Ghawabi (3), il s'agit de couper aussi bien le clitoris que les petites lèvres. Selon le docteur Mahran (3), on excise le capuchon du clitoris ainsi que les parties postérieures les plus importantes des petites lèvres.
- La clitoridectomie ou excision. Elle porte sur l'ablation du clitoris ainsi que des petites lèvres. C'est l'opération pratiquée le plus fréquemment en Egypte.
- L'infibulation ou circoncision pharaonique. Le terme « infibulation » provient d’un mot latin signifiant « bouclé ensemble ». Elle est pratiquée notamment au Soudan et en Somalie et consiste en l'ablation totale du clitoris, des petites lèvres et d'une partie des grandes lèvres. Les deux parties de la vulve sont alors cousues ensembles au moyen de points de suture de soie ou de catgut (au Soudan) ou au moyen d'épines (en Somalie) pour que la vulve soit fermée à l'exception d'un minuscule orifice pour le passage de l'urine et du flux menstruel. Au cours de la nuit de noces, l'époux devra "ouvrir" sa femme, le plus souvent à l'aide d'un poignard à double tranchant. Dans certaines tribus (3, 79), la femme est recousue à chaque départ du mari et "réouverte" à chaque retour de celui-ci. On ferme l'ouverture en cas de divorce pour éviter que la femme ait des rapports sexuels.
Signalons que l'Occident a pratiqué dans le passé la circoncision féminine et surtout l'infibulation. Un des modèles de ceintures de chasteté consistait à faire passer des anneaux dans les lèvres et la vulve et à les fermer par un fil de fer ou par un cadenas dont le mari gardait la clef même et surtout quand il s'absentait. Une certaine forme de circoncision féminine, pratiquée dans la tribu des Kikuyu du Kenya, serait effectuée aujourd'hui dans certains hôpitaux de Paris pour accroître la capacité de jouissance de certaines femmes aisées. On dégage le clitoris et on le rabat à l'intérieur du vagin. Une telle pratique augmenterait la jouissance sexuelle des femmes.
Les termes circoncision féminine et excision ont été très longtemps utilisés pour designer les mutilations génitales féminines mais pendant la Conférence sur les pratiques traditionnelles, Addis Abeba, 1990, les délégués ont considéré que les termes "circoncision féminine et excision peuvent prêter à confusion et pourraient ne pas décrire pleinement la diversité de cette pratique". Le terme de « circoncision » a pour effet de passer sous silence l’importance de la mutilation. Ils ont recommandé de les remplacer par mutilations génitales féminines (Rapport sur les pratiques traditionnelles, Addis Abeba, 1990, p. 8). Ce terme a été adopté plus tard en 1996 par l’Organisation mondiale de la santé qui, après réflexion a jugé nécessaire de donner une définition plus approfondie et large pouvant regrouper les différentes sortes de mutilations.
C’est ainsi que les mutilations génitales féminines ont été définies comme : toutes interventions incluant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes féminins et/ou toute intervention pratiquée sur les organes génitaux féminins pour une raison non médicale (définition de L’OMS). Elles ont été également regroupées en quatre types d’opération de gravité croissante.

LIEU DE LA PRATIQUE :
Les MGF sont pratiquées dans plusieurs lieux selon les régions et les circonstances, elles peuvent se faire :
- Chez l’exciseuse
- Sous un arbre sur la place publique
- Dans une formation sanitaire
- Au domicile des parents de la fille.
Aujourd’hui avec la campagne d’éradication elles sont faites dans la plus grande clandestinité.

D. TECHNIQUE PROPREMENT DITE :
La fille est habituellement excisée, sans anesthésie, en décubitus dorsal, les cuisses maintenues écartées par des aides, ou par un(e) seul(e), couché(e) sous la jeune fille et lui crochetant les chevilles avec les pieds. Pour immobiliser une fille de sept ans, il faut parfois l'intervention de cinq personnes pour tenir la tête, les deux mains et les deux jambes. Quand il s'agit d'une petite fille, un(e) seul(e) assistant(e) peut lui maintenir à la fois le corps et les cuisses, l'immobilisant en position assise.
L’exécutante saisit la partie à exciser (petite lèvre ; clitoris ; grandes lèvres ) et coupe avec un instrument tranchant. Ceci sans anesthésie et dans des conditions d’asepsie douteuse.
Les cris de douleurs de la fille consentante ou non sont couverts par des incantations ou des you- you des assistantes ou tout simplement par des roulements de tam- tam.
Parfois dans certaines régions, le clitoris est brûlé par du feu à l’aide de braise provenant d’un arbre sacré. La plaie est recouverte par un pansement fait de beurre, parfois de préparations végétales pilées de graines d’arachide, de coton et même de la bouse de vache.


CLASSIFICATION :
Plusieurs sortes de MGF sont pratiquées à travers le monde. L’organisation mondiale de la santé les a regroupées en quatre (4) types d’opération de gravité croissante.
- Type I : excision du prépuce, avec ou sans ablation partielle ou totale du clitoris. Elle est parfois appelée sunna.
- Type II : excision du clitoris et ablation partielle ou totale des petites lèvres.
- Type III : excision partielle ou totale des organes génitaux externes. Parfois appelée « circoncision pharaonique » ou infibulation et consiste à exciser non seulement le clitoris, mais aussi les petites lèvres, et deux tiers au moins des grandes lèvres. Les bords à vif sont alors cousus ensemble, ne laissant qu’une mince ouverture pour l’urine et menstruation
- Type IV : non classé, concerne toutes les autres formes de MGF.Ce sont :
• Cautérisation par brûlure du clitoris et du tissu avoisinant.
• Grattage de l’orifice vaginal ou incision du vagin
• Introduction de substances corrosives ou de plantes dans le vagin pour provoquer des saignement ou pour resserrer ou rétrécir le vagin.
• Et toutes les autres formes répondant à la définition.
Le type I et II représentent les formes les plus fréquentes et représentent à elles seules 80% des MGF. Quant à l’infibulation, la forme la plus extrême, elle ne représente que 15% environ. Cependant quel que soit le type de mutilation, ces interventions sont irréversibles et préjudiciables à la santé de la femme. Le tableau II résume les différents types de mutilation des organes génitaux et précise les termes utilisés plus couramment pour désigner chaque procédure ainsi que les termes médicaux correspondants.

LES COMPLICATIONS IMMEDIATES :
Elles sont nombreuses et comprennent :
HEMORRAGIE :

C’est la première complication par ordre de fréquence. Elle est très souvent due à la lésion de l’artère clitoridienne. Elle peut être minime, ou grave pouvant entraîner des signes de choc, entraînant ainsi la mort si la prise en charge n’est pas adéquate. Sa gravité dépend du type d’opération. Elle est très grave dans le type III vu la richesse vasculaire de la vulve.
CHOC ET DOULEUR :
La douleur très atroce due à l’absence d’anesthésie et le choc causé à la fois par cette douleur et l’hémorragie, peuvent conduire à des pertes de connaissance totales allant jusqu’à la mort.
INFECTION :
Pouvant être locale, locorégionale et même générale, elle est très fréquente et est due au manque d’asepsie durant l’opération. Le tétanos et la septicémie peuvent survenir et sont le plus souvent mortels.
Les infections aiguës sont également favorisées par les médicaments traditionnels utilisés comme pansement de la plaie opératoire et par l’immobilisation prolongée où la fillette baigne dans ses urines et ses excréments (infibulation).
RETENTION AIGUE D’URINE :
La douleur très souvent atroce, la peur et l’œdème des tissus adjacents peuvent entraîner une rétention aiguë d’urine provoquant ainsi des souffrances supplémentaires et surtout une éventuelle infection de l’appareil urinaire.
LESION ACCIDENTELLE D’ORGANES ADJACENTS :
La douleur très souvent atroce est à l’origine de mouvement de défense qui peuvent aggraver les gestes opératoires en entraînant des lésions supplémentaires des organes voisins : rectum, vessie vagin, urètre… Ceci est également aggravé par le manque de connaissances anatomiques et chirurgicales de beaucoup de praticiennes. Ces lésions très souvent méconnues peuvent être à l’origine d’invalidités graves pour le reste de la vie de la victime : fissures, fistules recto-vaginales ou vésico-vaginales…, causes parfois de répudiations ultérieures.
RISQUE DE CONTAMINATION PAR LE VIH ET L’HEPATITE B ET C :
Au cours des MGF le risque de contamination par le VIH et de l’hépatite B et C est très accru. Ceci est dû surtout au manque d’asepsie, la non stérilisation des instruments utilisés et surtout la pratique des MGF sur des enfants en série, le même matériel étant utilisé pour tous les enfants. Plusieurs études épidémiologiques insistent sur le rôle des MGF dans la diffusion africaine du SIDA.
COMPLICATIONS A LONG TERME :
Les femmes ayant subi une mutilation génitale peuvent s’adapter aux changements qui en découlent et, particulièrement dans le cas de certaines formes bénignes, n’avoir aucune complication gênante.
A. DYSFONCTIONNEMENT DES VOIES URINAIRES :
B. DYSFONCTIONNEMENT DES VOIES GENITALES :
C- DIFFICULTES D'ORDRES SEXUEL:
D. INFERTILITE :
E. DIFFICULTE AU COURS DE LA GROSSESSE ET DE L'ACCOUCHEMENT
F. DIFFICULTES EN MATIERE DE PLANIFICATION DES NAISSANCES :
G. LES CICATRICES VICIEUSES :
H. DYSFONCTIONNEMENTS PSYCHO-SEXUELS :
I. REINFIBULATION ET DEFIBULATION :

Indication de la défibulation :
On recommande la défibulation pour plusieurs raisons :
• Des menstruations moins douloureuses.
• Moins de douleurs pendant les relations sexuelles.
• Réduction du risque d’infection urinaire.
• Possibilité de procéder à des examens médicaux tels que l’examen vaginal interne et externe et les soins prénataux.
• Moins de complications pendant le travail et pendant l’accouchement.
• Réduction du risque d’hémorragie pendant l’accouchement et du post-partum.
• Réduction du taux de césarienne.
• Choix plus grand de méthodes de planification.
Cicatrice vicieuse nécessitant une défibulation.

LA PREVALENCE :
Selon l'OMS, on estime aujourd’hui à plus de 120 millions de fillettes et de femmes ayant subi les MGF, chaque année plus de deux millions sont exposées à cette pratique soit 230/heure (17, 79). Malgré cette ampleur, aucune enquête complète sur la prévalence à l’échelle mondiale n’a été encore réalisée. Actuellement, elles sont surtout répandues dans 28 pays africains où le taux de prévalence varie entre 5 et 98%. Les pays où le taux est le plus élevé sont : l’Egypte, le Soudan, le Somalie, le Mali, Djibouti, Burkina-Faso, l’Erythrée, la Sierra-Leone…. Dans ces pays, le taux dépasse les 70%.
Il faudra noter que cette prévalence varie au sein d’un même pays en fonction des ethnies, du niveau d’instruction, du milieu (urbain ou rural), de la religion.

RAISONS DE LA PRATIQUE DES MGF :
Les raisons évoquées pour justifier les MGF peuvent être regroupées en quatre grands groupes :
 Les raisons socioculturelles.
 Les raisons psycho-sexuelles.
 Les raisons sanitaires et esthétiques.
 Les raisons religieuses.
LES RAISONS SOCIOCULTURELLES :
Les divers mythes, crées autour des MGF relient cette pratique à des interprétations du monde qui ont prévalu dans la société ancienne. Dans certaines cultures, l’excision est considérée comme un rite de passage ou une initiation marquant le passage de la jeune fille à la femme adulte. Chez les Bambara au Mali (84), ce passage est désigné par des expressions telles que : “Prendre le pagne”, “Devenir femme”, “s’asseoir sur le fer”.
Chez les Mossis au Burkina-Faso (84), beaucoup estiment qu’une femme non excisée se trouve dans l’impossibilité d’avoir des enfants, le clitoris étant considéré comme un organe dangereux, tuerait l’enfant à la naissance s’il le touche, en plus ils considèrent le clitoris comme pouvant être une source d’impuissance.
Par ailleurs, le souci de perpétuer la lignée et de maintenir la cohésion sociale encouragés par des systèmes très souvent patriarcaux en imposent la pratique des MGF dans beaucoup de communautés africaines.
LES RAISONS PSYCHO-SEXUELLES :
Parmi les multiples raisons avancées par les sociétés qui continuent de pratiquer les MGF, nous pouvons retenir :
 La réduction ou l’élimination des tissus sensibles des OGE (clitoris) pour atténuer le désir sexuel de la femme.
 Le caractère désordonné de la sexualité des femmes tel les limitations de leurs capacités morales.
 L’agressivité du clitoris et la menace qu’il représente pour l’homme.
 La fidélité pendant le mariage, accroître le plaisir sexuel masculin.
 Enfin et surtout, la recherche de la chasteté et de la virginité.
LES RAISONS SANITAIRES ET ESTHETIQUES :
La clitoridectomie ou excision a été jusqu’en 1950 pour certains et continuerait encore pour d’autres d’être pratiquée mais occasionnellement dans les cliniques européennes (surtout anglaises et américaines) pour les "raisons médicales".
La clitoridectomie permettrait de soigner des maux allant de l’hystérie à l’épilepsie, la nymphomanie à la frigidité. Dans certaines sociétés, le clitoris est représenté comme un organe sale qui contiendrait des vers, laid et est comparé parfois à la crête du coq.
LES RAISONS RELIGIEUSES :
De nos jours, certaines sources font croire que l’excision provient originellement du CORAN. Pour établir cette relation, une croyance populaire se fonde l’histoire de SARAH et d’ABRAHAM. SARAH est sensée avoir fait exciser sa co-épouse après que les relations entre elles se soient dégradées. On dit alors que c’est depuis lors que les MGF se sont répandues chez les musulmans.
Selon ces mêmes sources, le Prophète Momahed aurait laissé une exciseuse faire son travail tout en lui recommandant la modération dans son opération . Ce geste prophétique signifie aux yeux de ces derniers que les MGF sont une tradition non écrite de l’ISLAM. Cependant, toutes ces raisons avancées ne sont que de simples spéculations et/ou interprétations car une chose est sure, le CORAN ne fait nullement part des MGF comme le prétendent ces défenseurs.
AUTRES RAISONS DE LA PERSISTANCE DES MGF :
Les autres raisons de la pratiques des MGF ou plutôt les facteurs jouant contre leur élimination pourraient être économiques et politiques. En effet, la pratique des MGF représenterait une source continue de revenu pour certains pratiquants, notamment : les cliniques, le personnel médical et paramédical, l'exciseuse traditionnelle. Quant aux hommes politiques et autres responsables, bien que sensibilisés aux problèmes que représentent les MGF, ils s’abstiennent de prendre position sur le sujet craignant ainsi d’être impopulaire.

ARGUMENTS RELIGIEUX POUR LA CIRCONCISION
FEMININE SELON SES DEFENSEURS :

1. Les sources du droit musulman :
Sur le plan formel, le droit musulman a trois sources principales ( écrites) :
 Le Coran
 La Sunna
 L’Ijmaa ( l’unanimité des savants)
Il existe une quatrième source (« al Kiass » ou analogie) qui ne fait pas l’unanimité de toutes les doctrines. Elle dépend essentiellement des trois autres sources et est refusée par l’imam IBN HAZEM représentant de la doctrine des Dahirit.
Une autre catégorie particulière : l'igtihad acquiert de plus en plus d'importance. On en distingue deux genres :
- l’Igtihad à titre individuel
- l’Igtihad sous la forme collective qui peut parfois rejoindre l’Ijmaa
Quant aux fatwas (Igtihad à titre individuel), avis des savants religieux musulmans qui, formulées souvent dans un langage accessible au public, indiquent le comportement à suivre pour se conformer à la volonté divine. Bien que non contraignantes juridiquement, les fatwas ne lient pas moins moralement le croyant et constituent parfois la première étape vers la promulgation ou la modification des lois. Elles sont données par écrit ou oralement et font souvent l'objet de publications vendues à large échelle. Nombreuses sont celles qui traitent de la circoncision féminine..
2- Le Coran :
Le Coran ne mentionne ni la circoncision masculine ni la circoncision féminine. Une interprétation extensive de la sourate 2 verset :124 (Al Bakarat) y voit des traces :
Lorsque son Seigneur éprouva Abraham par certains ordres et que celui-ci les eut accomplis, Dieu dit: "Je vais faire de toi un guide pour les hommes".
Un des ordres donnés à Abraham pour l'éprouver serait la circoncision dont parlent certains récits de Mohamed. rapporté par Al Bokhari, Muslim et autres. Or, Abraham est un modèle à suivre pour le musulman en vertu de la sourate 16 verset :123 (al nahl)
Nous t'avons ensuite révélé: "Suis la Religion (millat) d'Abraham, un vrai croyant".
On retrouve ici la règle du droit musulman selon laquelle les normes révélées aux prophètes antérieurs à Mohamed sont maintenues tant qu'elles ne sont pas expressément abrogées. Cette règle de droit est valable d’une manière absolue pour la Foi (l’iman). Ainsi, la BIBLE devient, par un système de renvoi, une source du droit pour les musulmans si et seulement si ces normes et ces règles issu de la BIBLE et des ouvrages antérieurs sont transmises par le CORAN et la SUNNA et leurs pratiques pour le musulman y sont mentionnées.
Dieu dit à Abraham: "... Et voici mon alliance qui sera observée entre moi et vous, c’est à dire ta race après toi: que tous vos mâles soient circoncis. Vous ferez circoncire la chair de votre prépuce, et ce sera le signe de l'alliance entre moi et vous... Quand ils auront huit jours, tous vos mâles seront circoncis, de génération en génération. ... Mon alliance sera marquée dans votre chair, comme une alliance perpétuelle. L'incirconcis, le mâle dont on n'aura pas coupé la chair du prépuce, cette vie-là sera retranchée de sa parenté: il a violé mon alliance".
Cette interprétation des versets coraniques par référence à la Bible est considérée par l'Imam Mahmud Shaltut comme abusive (israf fi al-istidlal) On peut y ajouter que cet argument textuel basé sur une norme juive ne concerne que la circoncision masculine, mais non pas la circoncision féminine que la Bible ne prévoit pas et que les juifs ne pratiquent pas (si l'on excepte les Falachas qui ne sont pas d’origine palestinienne mais qui vivaient au sein des tribus qui pratiquaient la circoncision féminine et qui ont été transférés en Palestine dans les années 1980.). Al-Sukkari répond que, selon Ibn-Hagar, les juifs circoncisaient les deux sexes, d'où son rejet de la circoncision masculine ou féminine au septième jour pour ne pas leur ressembler. Et même si l'authentique Bible - celle d'aujourd'hui étant considérée comme falsifiée - ne contient pas de texte relatif à la circoncision féminine, les musulmans, malgré cela, doivent la pratiquer si le droit musulman la prévoit
3- Les recueils de la Sunnah :
Nous essayons ici de glaner dans les ouvrages d'auteurs arabes contemporains les différents récits de Mohamed relatifs à la circoncision masculine et féminine:
 Le récit le plus cité rapporte une discussion entre Mohamed et Um Habibah (ou Um 'Atiyyah). Celle-ci, connue comme exciseuse d'esclaves femelles, d’après le recit rapporté par ABOUDAOUD elle vivait à Médine à l’arrivée du prophète Mohamed. L'ayant aperçue, Mohamed lui demande si elle continue à pratiquer son métier. Elle répond par l'affirmative en ajoutant: "à moins que cela ne soit interdit et que tu ne me commandes de cesser cette pratique". Mohamed lui réplique alors: "Mais si, c'est permis. Approche-toi de moi pour que je puisse t'enseigner: Si tu coupes, n'exagère pas (la tanhaki) car cela rend plus rayonnant (ashraq) le visage et c'est plus agréable (ahza) pour le mari". Selon d'autres rapporteurs, il lui aurait dit: "Coupe légèrement et n'exagère pas (ashimmi wa-la tanhaki) car c'est plus agréable (ahza) pour la femme et meilleur (ahab, selon des sources abha) pour le mari.
 Le récit de l'exciseuse dont l’unique rapporteur est l’Imam HAMED IBNOU HANBAL déclare :
Mohamed dit: "La circoncision est une sunnah pour les hommes et makrumah pour les femmes". Nous reviendrons sur le sens de ces deux termes.
 S'adressant aux femmes des Ansars, Mohamed dit: "Coupez légèrement et n'exagérez pas (ikhtafidna wa-la tanhikna), car c'est plus agréable (ahza) pour vos maris".
 Quelqu'un est venu vers Mohamed et s'est converti devant lui. Mohamed lui dit: "Rase les cheveux de la mécréance et circoncis-toi".
 Mohamed dit: "Celui qui devient musulman qu'il se circoncise même s'il est âgé".
 On demanda à Mohamed si un non-circoncis pouvait faire le pèlerinage. Il répondit: "Non, tant qu'il n'est pas circoncis".
 Mohamed dit: "Cinq [normes] appartiennent à la fitrah: le rasage du pubis, la circoncision, la coupe des moustaches, l'épilation des aisselles et la taille des ongles". (6)


D'autres récits nomment dix normes, dont toujours la circoncision. Les normes de la fitrah seraient les normes que Dieu inculqua à sa création. L'homme qui tend à la perfection doit se conformer à ces normes. Ces normes ne sont pas obligatoires, mais simplement recommandables (mandubah), à l'exception de la circoncision qui est obligatoire. Partant de ces prémisses, Al-Sukkari pense qu'Adam a été le premier circoncis. Ses descendants ayant abandonné cette obligation, elle fut reconfirmée à Abraham et à ses descendants. La circoncision serait alors le signe qui distinguerait le croyant du mécréant. A ce titre, elle constitue l'enseigne de l'Islam.

Mohamed a prescrit: "Si les deux parties circoncises (khitanan) se rencontrent ou si elles se touchent l'une l'autre, il faut faire l'ablution pour la prière". On en a déduit que la femme et l'homme se circoncisaient du temps de Mohamed.

Les shiites ajoutent un récit de l'Imam Al-Sadiq qui dit: "La circoncision féminine est une makrumah, et qu'y a-t-il de mieux que la makrumah"! Al-Sadiq est cité aussi par eux comme le rapporteur du récit de l'exciseuse

Les défenseurs de la circoncision féminine, eux-mêmes admettent que ces récits attribués à Mohamed sont peu crédibles Mahmud Shaltut dit qu'ils ne sont ni clairs ni authentiques. Le Sheikh Abbas, recteur de l'Institut musulman de la Mosquée de Paris est encore plus formel:
Si pour l'homme la circoncision [masculine] (obligatoire) a un but esthétique et hygiénique, il n'y a aucun texte religieux islamique valable qui puisse être pris en considération pour l'excision de la femme, preuve en est que cette pratique est totalement absente dans la majorité des pays islamiques. Et, si certains peuples continuent malheureusement à pratiquer l'excision au point même de porter préjudice à la femme, cela provient sans doute de coutumes antérieures à l'avènement de ces peuples à l'Islam.

4- La coutume et le silence de la loi :
La circoncision féminine ayant des bases fragiles dans le Coran et les Recueils de la Sunnah, Al-Sukkari essaie de consolider ces bases en invoquant la coutume qui constitue une source du droit musulman. Pour lui, la circoncision féminine est devenue une norme dans la mesure où elle est générale, pratiquée de longue date et n'est pas contraire à un texte de la loi religieuse.
Il invoque aussi la règle selon laquelle tout ce qui n'est pas interdit est permis. La circoncision féminine, n'étant pas expressément interdite, reste donc permise Même si les récits relatifs à la circoncision féminine sont crédibles, aucun récit n'est venu l'interdire ou la déclarer blâmable. Une des règles du droit musulman est, qu'il vaut mieux appliquer la norme que de l'abandonner.

ARGUMENTS RELIGIEUX CONTRE LA CIRCONCISION
FEMININE :
1- Dieu ne peut mutiler :

Cet argument se résume en ceci : Peut-on concevoir un Dieu qui se complaît à mutiler ses créatures dans le but de les marquer comme on marque du bétail? Pour comprendre cet argument il est préférable de se référer à des sources écrites qu’à des notions abstraites.
2- Interdiction de changer la créature :
Il n'est pas difficile de retrouver un appui à l'argument précédent dans le Coran lui-même. En effet la « sourate 4 verset 119 » du CORAN interdit à l'homme de changer la créature de Dieu:
[Le démon dit]: "Oui, je prendrai un nombre déterminé de tes serviteurs; je les égarerai et je leur inspirerai de vains désirs; je leur donnerai un ordre, et ils fendront les oreilles des bestiaux; je leur donnerai un ordre, et ils changeront la création de Dieu".
Ce verset condamnerait le changement de la créature de Dieu. Il est invoqué par certains islamistes pour s'opposer à la prévention permanente des naissances que ce soit par des mesures touchant l'homme ou la femme. Etrangement, les adeptes de la circoncision féminine oublient complètement ce verset. Ils oublient aussi cet autre verset :
[Il] a bien fait tout ce qu'il a créé « sourate 32, verset 7 ».
Aziza Kamel, adversaire de la circoncision féminine, invoque ce verset et ajoute: "L'excision est une déformation de ce que Dieu a créé, alors que Dieu est satisfait de sa création.
3- L'homme connaît mieux ses affaires :
Mohamed avait indiqué à des paysans de ne pas pratiquer la pollinisation des dattiers. Cette année-là, les dattiers n'ont pas donné de dattes. Revenus vers Mohamed pour des explications, ces paysans ont reçu pour réponse: "Vous connaissez mieux [que moi] vos affaires temporelles".
Le dernier passage du récit est cité par le Sheikh Hassan Ahmed Abo Sabib, du Soudan, dans son intervention au séminaire sur les pratiques traditionnelles ayant effet sur la santé des femmes et des enfants en Afrique (Dakar, 6-10 février 1984). Armé de ce récit, il conclut que la circoncision féminine doit être interdite parce que la science médicale a prouvé qu'elle est nocive. Or, dit-il, le Coran interdit à l'homme de nuire à lui-même en vertu de « la sourate 2 verset 195 » : "Ne vous exposez pas, de vos propres mains, à la perdition". D'autre part, Mohamed dit: "Celui qui nuit à un croyant me nuit et celui qui me nuit, nuit à Dieu".
Il sépare la réponse de Mohamed de l'ensemble du récit des dattiers et se limite à dire que les récits de Mohamed sur la circoncision féminine ne sont pas fiables en invoquant l'autorité de son homologue l'Imam Shaltut. Il en conclut que la question de la circoncision masculine et féminine doit être jugée en fonction des méfaits et des bienfaits Malgré cette petite incohérence, cet avis est le plus explicite que nous connaissons de la part d'un responsable religieux musulman contemporain contre la circoncision féminine.

MODALITE DE LA CIRCONCISION FEMININE
ET MASCULINE SELON LE DROIT MUSULMAN :


Circoncision des garçons :
La circoncision masculine consiste, selon les légistes classiques musulmans, à couper le prépuce, de préférence tout le prépuce. Si l'enfant est né circoncis, certains disent qu'il faut le laisser tel quel; pour d'autres, il faut passer le couteau sur l'emplacement du prépuce pour l'accomplissement du commandement. Si la circoncision est incomplète, il faudrait la compléter.
Circoncision des filles :
Al-Sukkari, auteur moderne, décrit comme suit la circoncision féminine. "Il faut commencer par invoquer Dieu en récitant la formule: au nom de Dieu miséricordieux et compatissant, suivie de louange à Dieu et de prière sur le prophète, l'auteur de cette makrumah suprême". La circoncision féminine doit être faite par un ou une médecin chirurgien de religion musulmane et d'apparence pieuse, connaissant les enseignements de Mohamed. Il faut utiliser les meilleurs moyens médicaux pour réduire la souffrance. La circoncision féminine doit être faite le jour pour que le médecin puisse la faire à la lumière du jour, mais en toute discrétion, en présence seulement du tuteur de la fille ou de sa mère, ou de celui qui a le plus de pitié pour elle. Il ne précise pas en quoi consiste la circoncision féminine. Pour Gad-al-Haq, la circoncision féminine consiste à "couper la peau qui se trouve au-dessus de la sortie de l'urine sans exagérer et sans l'extirper" . Al-Sha'rawi précise que si la fille n'a pas de partie excédante, il n'y a pas besoin de la circoncire.
Ce qui est décrit plus haut comme conforme à la sunnah reste du domaine de la théorie. Dans les faits, on pratique plutôt la clitoridectomie (pratiquée en Egypte) ou l'infibulation (pratiquée au Soudan et en Somalie). Au Soudan, une étude a démontré que 64% des circoncisions féminines avaient été pratiquées par des accoucheuses traditionnelles, 35% par des sages- femmes et 0.7% par des médecins.
L'âge pour la circoncision masculine et féminine :
Les légistes ne sont pas unanimes quant à l'âge auquel la circoncision doit être faite. Différentes opinions sont avancées: en tout temps, à l'âge de la puberté, avant l'âge de 10 ans (l'âge auquel l'enfant est frappé pour le contraindre à faire sa prière), à environ sept ans pour le garçon, au septième jour (certains prenant en considération le jour de naissance, d'autre ne le prenant pas), surtout pas le septième jour ou moins (parce que c'est la coutume des juifs auxquels il faut éviter de s'assimiler). Al-Mawardi propose que la circoncision soit faite au plus tard à sept ans mais de préférence à sept jours, voire à quarante jours sauf inconvénient. C'est l'opinion à laquelle opte Al-Sukkari pour les garçons. Pour les filles, il propose l'âge de sept à dix ans pour qu'elles puissent supporter l'opération.
Selon des témoignages recueillis par Wedad Zenie-Ziegler, la circoncision féminine en Egypte est faite en principe une semaine après la naissance, mais cela se fait parfois à deux mois, parfois à sept mois ou même à sept ans. Nawal El-Saadawi dit qu'elle a lieu en Egypte à l'âge de 7 ou 8 ans, avant que la fille ait ses règles .

LA RAISON AU SECOURS DE LA RELIGION ?
Le Coran dit: "Nul ne l'interroge sur ce qu'il fait, mais les hommes seront interrogés" « sourate 21 verset 23 ». Dieu n'a donc pas à rendre compte de ses normes même si les légistes musulmans défendent l'idée que les normes divines visent à réaliser le bien de l'homme. Bien dont les critères échappent en général à l'homme.
Il est cependant une tendance actuelle aussi bien chez les musulmans que chez les juifs, à vouloir justifier a posteriori les normes religieuses, en leur attribuant des effets bénéfiques, réels ou fictifs. C'est un recours à la raison pour justifier la religion. Tel est le cas de la circoncision comme des interdits alimentaires. Cela prouve qu'on n'admet plus que Dieu puisse faire souffrir les êtres humains pour le simple but de les marquer comme du bétail.
Les défenseurs de la circoncision féminine, après avoir prouvé l'existence d'une norme religieuse y relative, vont s'atteler à démontrer ses bienfaits ainsi que les désavantages de la non-circoncision, ce qui est un moyen de réconforter le croyant et de répliquer aux opposants. Quant aux opposants (de la circoncision féminine), à moins d'être des mécréants rejetant toute légitimation religieuse, ils combattent aussi sur deux fronts: après avoir nié l'existence d'une norme religieuse prescrivant la circoncision féminine (la seule qui les intéresse), ils vont essayer de prouver son caractère nocif pour pouvoir l'interdire.
Et si la raison ne parvient pas à prouver la religion ? Alors, on la récuse, comme on le verra plus loin.

DOCUMENT :les mutilations genitales féminines
auteur: Dr Kintega Boulma

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